CITICA fête aujourd’hui ses 27 ans ! Certes 27 n’est pas un chiffre rond, mais je vais quand même saisir cette occasion, une fois n’est pas coutume, pour faire un peu de storytelling autour de nos métiers, de leurs évolutions, de nos convictions et de nos orientations aussi pour les mois qui viennent. Et vous verrez, il va y avoir du changement !
Ce post est donc le premier d’une série de dix que je vais publier sur ce début d’année et qui va me permettre de présenter une petite aventure de presque trois décennies : expliquer d’où nous sommes partis mais aussi et surtout, et c’est le plus important, où nous souhaitons arriver et quelle logique nous a animé pour construire ce parcours.
C’est quoi CITICA ?
Pour ceux qui ne nous connaissent pas d’abord, CITICA c’est un cabinet spécialiste depuis une bonne quinzaine d’années sur deux sujets :
– le télétravail et son impact sur l’organisation des entreprises : plus de quinze ans que nous négocions des accords et que nous observons les évolutions internes des entreprises liées au travail à distance,
– Les questions d’aménagement du territoire sur la base d’une question simple : comment rapprocher le lieu de travail du lieu de vie et en optimiser les enjeux ?
CITICA a une triple expérience d’accompagnement de terrain des organisations et de leurs salariés (1), des territoires (2) et de réalisation d’études nationales (pour la DATAR, le CGET ou l’ANCT) ou régionales (pour la définition de stratégies territoriales pour plusieurs régions et départements) (3).
Vous l’avez compris, on parlera donc ici de télétravail et de ses enjeux (épisodes 1 à 5) mais pas que … On verra aussi comment notre histoire et notre cheminement nous ont conduit vers d’autres chemins (épisode 6 à 9). L’épisode 10 conclura cette série en abordant les perspectives que tout cela va générer dans les mois qui viennent.
Pour ce premier épisode, et pour donner un peu de cohérence à ce récit, je vais d’abord commencer par un petit point d’introspection qui va me permettre d’expliquer comment, dès 2006, CITICA a commencé à investir le champ du télétravail et des tiers-lieux. Et pour cela, il faut remonter à ma première expérience professionnelle.
Pourquoi le télétravail ?
En 1993, j’intègre mon premier poste comme chargé de mission de l’Union Régionale des Entreprises d’Insertion de Midi-Pyrénées, une association qui fédère une quarantaine d’entreprises qui œuvrent pour l’insertion de personnes en difficulté via une activité économique et un accompagnement social. Quel rapport avec CITICA, me demanderez-vous ? Patientez un peu, vous verrez qu’il y’en a un …
Le conseil d’administration de l’UREI avait fait un constat : les projets d’insertion de personnes en difficulté restaient généralement cantonnés à des secteurs traditionnels (espaces verts, nettoyage, bâtiment, …). Cela constituait un double problème : une forte masculinisation des postes et des débouchés trop sectorisés. Il était nécessaire de proposer une autre voie avec des activités d’insertion organisées autour de services. Pour mon premier poste, j’avais été chargé de réfléchir à cette question et de proposer des pistes d’action. Un laboratoire québécois, le CEFRIO, était alors particulièrement réputé sur ce thème, ayant mené un grand nombre d’études prospectives sur le télétravail et la façon de l’organiser. A l’occasion d’un voyage de recherche à Montréal, je me plongeais dans ces études et je rencontrais plusieurs acteurs engagés dans ce mouvement. Ce fut (quasiment) une illumination. Les rapports, confortés par les exemples et les témoignages, montraient déjà tout l’intérêt pour les entreprises d’envisager d’autres façons de travailler et d’autres lieux pour exercer ce travail. Les expériences menées dans certaines entreprises québécoises et les analyses qui en étaient faites tiraient des constats positifs, mais soulignaient aussi la nécessité de changer les organisations et de faire évoluer les mentalités : un programme de travail bien stimulant !
De retour en France, l’UREI valide le principe d’un projet axé sur le travail à distance, construit avec un objectif central : développer plusieurs sites en Midi-Pyrénées permettant une activité économique autour de taches informatiques réalisées pour des grands comptes. Plusieurs entreprises d’insertion sont associées à ce projet, localisées sur plusieurs sites en Midi-Pyrénées (Auch, Tarbes, Moissac notamment). Des postes en insertion sont créés sur des activités de saisie informatique, de mise en page, de comptabilité, d’archivage, … Certes, ce n’est pas encore tout à fait du télétravail, mais l’idée est d’abord de proposer d’autres axes d’insertion par l’économique et de tester dans le même temps, la possibilité de travailler à distance d’un donneur d’ordre.
La technologie ? Internet venait de démarrer et restait alors cantonné à des activités de recherche. Les transferts de fichiers se faisaient, en fin de journée, par Numéris. 30 bonnes minutes pour envoyer les fichiers travaillés dans la journée, un autre temps !
Nos clients ? plusieurs grands groupes (Airbus, EDF ou IBM notamment) côté privé ou la mairie de Toulouse et plusieurs administrations côté public. Pendant de nombreuses années, ce projet a permis de proposer une trentaine de postes en insertion, essentiellement pour des personnels féminins, avec une formation associée et donc des débouchés en sortie de parcours. Il a également été primé à un concours d’idée national, parrainé par IBM (NB : une entreprise déjà bien impliquée dans le télétravail). Spécial dédicace à tous les formidables membres du conseil d’administration de l’UREI de cette époque (Jocelyne SALVAN, notre présidente, Eric Foutel, Yann Lozet et tous les autres, ils se reconnaîtront) qui n’ont pas hésité à faire évoluer leur façon de penser pour initier ce projet. Et dans les années 90, c’était encore bien moins évident qu’aujourd’hui !
En 1995, un livre collectif paru aux éditions DUNOD, au titre prémonitoire « Le travail au XXIème siècle », présentait l’action de l’UREI et décrivait ainsi le télétravail : « le travailleur du futur sera polyactif, nomade et coopératif. Le travail sera de plus en plus une coproduction dématérialisée » (…) « Il sera aussi trop onéreux de faire cohabiter des expertises de compétences en permanence en un même lieu physique » (…) « Les entreprises devront repenser fondamentalement leur mode de fonctionnement et l’emploi de leurs ressources humaines ». Et l’auteur d’ajouter, « Le télétravail brisera le mythe des frontières territoriales (…) : le maillage des organisations se substituera aux lignes hiérarchiques traditionnelles, avec une rupture des espaces et des temps contraints » (*). Près de trente ans plus tard, avec quand même une crise COVID qui est passée par là, on y est … presque.
Mais n’allons pas trop vite, la suite au prochain épisode.
(*) Le travail au 21ème siècle – Eurotechnopolis Institut – Editions Dunod – 1995.
[…] Source : https://www.citica.com/2024/01/02/citica-a-27-ans-nos-origines-episode-1/?utm_source=rss&utm_me… […]